Rien ne montre qu’on puisse savoir davantage sur nos œuvres qu’autrui, et ce, fusse-t-il simple amateur ou expert.
Dans ce sens, on peut dire qu’aussi, dans le travail auto-poïétique, il est tout aussi ardu de tirer au clair une véritable généalogie de ses propres œuvres.
En effet, qu’elles soient les nôtres, cela ne nous rend pas nécessairement plus aptes à saisir la réalité complexe de leurs « avènements », de leur succession et de leurs relations. Voire que le fait qu’elles soient les nôtres, même rendrait-il ces choses encore plus occultes. D’ailleurs serait-ce là, la raison d’être de toute la littérature critique, née en même temps que l’art ?
Dans ce sens on peut dire que, ce qu’exprime tout un chacun à propos de ses travaux, comme ce qu’en exprimerait toute autre personne d’ailleurs, ce n’en serait alors que la partie qui lui est émergée de l’iceberg. Par conséquent ce que dit l’artiste en marge de ce qu’il fait, aussi certain puisse-t-il paraitre de ses faits, ce ne seraient ainsi que des énonciations de natures hypothétiques.
Or au fond, que toute relation de causalité puisse se révéler un leurre, que tout désir puisse s’originer dans une frustration, ou que tout mot puisse cacher un non-sens etc. cela ne peut nous être un problème : l’art ne s’explique jamais comme une démonstration mathématique, et l’absolue vérité n’est pas son but. Plutôt s’explique-t-il à la même manière qu’une simple strophe puisse illuminer une grande réalité ; et sa vérité n’est que singulière.
C’est en toute conscience de ces paradoxes qu’on s’adonnera ici, à notre tour, à l’exercice du texte. Et devant une production qui se caractérise par un éclectisme patent, on proposera notre version des faits quant au sens de chacun de ces travaux, et les chemins qui mènent des uns aux autres.
Certes, entre faire une gravure, et faire une performance, la différence est substantielle, mais à bien y chercher, on ne pourrait manquer de découvrir de secrètes articulations entre les langages les plus étrangers.
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